[22/07/17] Un premier échange

Flanqué du capitaine Taneka et du sous-lieutenant Ishii, le prince Katsudo observe l'homme qui lui fait face et qui est assis, inconscient et menotté.
Jamais les koyoniens n'avaient rencontré un individu membre d'un peuple étranger, récemment encore ils pensaient être seuls dans l'univers ! La révélation qu'il existait d'autres cultures et civilisations avait ébranlé un peu plus un peuple koyonien déjà au bord de la crise de nerf.

- Prince Katsudo : Vous pensez qu'il comprends notre langage ?

- Sous-lieutenant Ishii : Je l'ignore votre altesse. Depuis que nous l'avons capturé il alterne entre des périodes de conscience mutique et de larges plages de sommeil. Il ne refuse pas de s'alimenter et mange même pour deux. A priori il avait besoin de dormir et de reprendre des forces. Il était dans un triste état quand nous l'avons découvert.

- Prince Katsudo : Je n'en doute pas, déjà là il me fait peine à voir. Réveillez-le, nous avons besoin de réponses à nos questions.

Deux soldats, présents dans l'ombre derrière le prisonnier se saisissent de celui-ci et agitent un baume sous son nez. Rapidement, l'homme émerge et reprends pleinement conscience.

- Prince Katsudo : Bonjour, je suis le prince Katsudo, de l'Empire de Koyona, comment vous appelez-vous ?

L'homme regarde le prince avec des yeux ronds, aucun son de sort de sa bouche.

- Prince Katsudo : Est-ce que vous me comprenez ?

Toujours aucune réponse de la part du prisonnier qui tourne la tête de gauche à droite, observant les lieux avec une avide curiosité.

- Prince Katsudo : Peut-être qu'il ne parle pas notre langue.

- Capitaine Taneka : Il est peut-être sourd votre altesse.

- Prince Katusdo : Ce serait là une bien mauvaise plaisanterie de la part des esprits sacrés.

- Sous-lieutenant Ishii : C'est peut-être tout simplement un simple d'esprit.

Immédiatement le regard de l'inconnu se durcit et le bruit de sa voix se fait enfin entendre, les mots sortant de sa bouche péniblement.

- Inconnu : Je ne suis pas un simple d'esprit. Je n'ai parlé à personne depuis fort longtemps. Qui êtes-vous ? Que me voulez-vous ?

- Prince Katsudo : Bonjour monsieur. Comme je vous disais, je suis le prince Katsudo de l'Empire de Koyona...

- Inconnu : Ca, je l'avais compris !

- Sous-lieutenant Ishii : SILENCE ! VOUS VOUS ADRESSEZ A L'HÉRITIER DU TRÔNE DES KAROG !

- Prince Katsudo : Du calme sous-lieutenant, cet homme ignore visiblement nos usages. Comment vous appelez-vous monsieur ?

- Inconnu : Je me nomme Tristan Berok ou plutôt je me nommais car aujourd'hui ça n'a plus d'importance.

Les koyoniens se regardent, interloqués.

- Tristan Berok : Pourriez-vous me détacher s'il vous plaît ? Je ne suis pas une menace, je vous le jure.

Bref instant de flottement chez les koyoniens. Le nouveau "maître" de "l'empire" fait un geste de la tête à destination des deux fantassins. Tandis que les deux soldats libèrent l'homme de ses entraves, le prince Katsudo enchaîne :

- Prince Katsudo : Veuillez accepter nos plus sincères excuses pour ce traitement mais vous êtes le premier individu que nous rencontrons sur cette île.

- Tristan Berok : Vous ne risquez pas d'en rencontrez d'autre, je suis le seul être qu'il reste sur l'île d'Argentorate.

Éclair de stupeur chez les koyoniens qui hochent rapidement ensuite la tête.

- Prince Katsudo : Harjantaurat est donc le nom de cette île... vous nous confirmez nos suppositions.

- Tristan Berok : Ca se prononce "Argentorate"... mais d'où venez-vous pour ne pas connaître le nom d'une île où vous accostez ?!

Le prince Katsudo prend un siège et s'assoit face à Tristan Berok. Il commence à narrer le périple de son peuple, du départ des terres originelles de l'empire jusqu'à l'arrivée sur l'île d'Argentorate, n'omettant aucun détail. D'abord incrédule, Tristan Berok écoute attentivement, des mimiques apparaissant sur son visage au fil du déroulé des évènements.

- Prince Katusdo : ... et donc mes soldats vous on ramené ici.

- Tristan Berok : Et bien votre altesse, vous et votre peuple vous venez de vivre une sacrée aventure ! Et vous venez du sud-ouest vous dîtes ? Intéressant. De mémoire, ça doit bien faire dix ans qu'aucune campagne d'exploration sérieuse n'a été menée vers ce cap. Sans ce drame, nous aurions pu continuer à vivre chacun de notre côté dans la plus complète ignorance.

L'héritier du trône acquiesce.

- Prince Katsudo : Monsieur Berok, je sais que notre premier contact ne s'est pas déroulé sous les meilleures auspices...

Le sous-lieutenant Ishii reste de marbre.

- Prince Katsudo : ...cependant, je suis sur que vous comprenez que notre situation ne nous laissait pas grande latitude.

- Tristan Berok : J'en conviens. Par ailleurs quand j'ai vu vos hommes j'ai pensé avoir des hallucinations, mon état débraillé n'a pas aidé non plus je suppose.

- Prince Katsudo : J'aimerai que vous me parliez de cette île, d'Argentorate, vous me dîtes être le seul être humain présent, vous me le confirmez ?

- Tristan Berok : C'est exact votre altesse. Sur toute l'île, il n'y a que moi pour représenter l'espèce humaine. Le territoire est abandonné et pour répondre à votre prochaine question il n'est revendiqué par aucune puissance de l'Archipel. Autrefois Argentorate était un pays prospère, une principauté, dirigé par un monarque éclairé et moderne. Hélas, des puissances plus puissantes et assoiffées de pouvoir ont satellisé le pays peu à peu, le vidant de sa substance et de sa moelle, causant au final sa perte.

Les koyoniens se regardent mutuellement.

- Prince Katsudo : Je regrette pour votre pays et votre peuple monsieur Berok. Vous m'excuserez d'être aussi direct mais pensez-vous que quiconque y trouverait à redire si nous nous installons ici ?

L'argenois réfléchit quelques instants.

- Tristan Berok : Il y aura forcément quelqu'un pour y trouver à redire mais comme je vous le dis ce territoire n'intéresse véritablement personne et vous vous trouvez loin des différentes sphères d'influence des pays de l'Archipel.

- Prince Katsudo : Voilà une fort bonne nouvelle... mais vous n'arrêtez pas de parler de cet "Archipel", nous avons cru comprendre qu'il représentait les terres émergées de ces contrées. Nous avons retrouvé une carte dans vos affaires, pourriez-vous nous en dire plus ?

- Tristan Berok : Bien sur. Amenez-moi ma carte et déroulons-là sur la table. Pourriez-vous me faire apporter un verre d'eau ? Je meurs de soif.

Les koyoniens sont penchés sur la carte, admiratifs, ébahis par ce nouveau monde qui s'offre à eux.

- Tristan Berok : Cette carte a plus de dix ans, les frontières ont bougé, des empires se sont éteints d'autres sont nés mais surtout des terres ont été englouties et d'autres ont émergé !

Les "nouveaux arrivants" se regardent, les yeux ronds.

- Tristan Berok : Bon, vous voyez cette île en bas à gauche, la "Nouvelle Argentorate", c'est là que nous nous trouvons actuellement...